Tom marchait le long d'un chemin de terre, cette terre semblait morte. Drôle pour quelque chose qui n'a jamais été vivant non? Qu'est-ce qui pouvait bien donner cette impression? Bon, déjà, il était en enfer, mais il y avait aussi le fait que cette terre était... Sèche, voilà, tellement sèche qu'elle était noire... Quoique la terre noire pouvait aussi être humide. Sauf que cette terre avait la texture similaire à de la cendre. Finalement, peut-être n'était-ce pas de la terre? Ce serait logique, après tout, il était en enfer... Mais dans le jardin qu'il avait restauré, il y avait aussi de la terre. Humide, même! Mais ce jardin était spécial... Un peu comme un endroit sacrifié de l'enfer. Peut-être existait-il la même chose au paradis? Si le paradis existe, bien sûr. Après tout, Tom n'en a aucune preuve... Il était en route vers cette académie, enfin, d'après les renseignements qu'il avait récoltés, c'était un pensionnat, puisqu'en plus d'être une école, on y logeait les élèves.
Cette académie, ou ce pensionnat, peu importe, lui servirait beaucoup. Il pourrait y apprendre à maîtriser ses nouveaux pouvoirs de démons... Il était maintenant un démon, il devrait s'en souvenir à l'avenir. Il n'était plus un humain, donc plus un esclave, il pourrait se permettre d'être autoritaire, menaçant, voir violent s'il le faudrait... Il était en enfer après tout! Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, c'est-à-dire que certes, il était là depuis plusieurs mois, mais il n'avait connu que l'espèce de marché où il avait été vendu, l'établissement de Mudu et le chemin menant jusqu'à cet établissement... Enfin, sur le chemin, il avait bien rencontré un endroit où dormir, une espèce d'auberge où il avait pu retirer des informations sur où était cette école et ce qu'on y pratiquait... Il rencontrerait de nouvelles races, entre autres. Tom imaginait déjà le racisme comme étant un problème. Les démons, les anges devaient se détester... Lui ne détestait personne, mais il n'hésiterait pas à détester quelqu'un qui le déteste... Donc il lui faudrait choisir un camp, un jour, probablement... Celui des démons. Pourquoi? Parce qu'il en était maintenant un, il avait leur apparence après tout, il serait jugé comme l'un d'entre eux... Enfin, ce problème ne se présenterait peut-être pas, mais Tom préférait être préparé à toute éventualité. Aussi, il avait dû se créer une identité: Tom Mudu. Ne se souvenant plus de son nom de famille, il avait décidé d'adopter celui de son dernier maître... Normalement, il porterait le nom de son père... Son père qui était probablement un esclave, tout comme lui avant, quelque part... Lui qui avait passé toute sa vie à travailler pour les autres, ça ne devait pas changement... De toute façon, il ne devait plus s'en souvenir...
Dans un sens, le fait que Tom s'en souvienne était un poids, il pouvait regretter le passé. Mais ce n'était pas la philosophie de Tom, Tom pensait au futur, il voulait devenir quelqu'un de grand et cela lui importait peu que ce soit ici, en enfer, ou sur terre. Tant que son but serait atteint. Et c'était pour ça qu'il avait ce journal, pour se souvenir de son but, de sa façon de penser, pour ne jamais s'arrêter. Jamais...
Les voilà. Il venait de s'arrêter devant, les portes Reikons. Il avait passé tout le village sans faire attention, perdu dans ses pensées. Il faut dire, Tom avait l'habitude de marcher rapidement... Il n'avait rien remarqué du tout, que ce soit la température, l'architecture du village où encore s'il avait croisé des gens. Peu importait tout cela. Il inspira un bon coup, lorsqu'il passerait cette porte en ayant l'intention de s'inscrire, il signerait un pacte. Un autre. Un pacte comme quoi il n’abandonnerait jamais ses études... Un pacte comme quoi il n'abandonnerait, Tom l'avait déjà signé... avec lui-même. Il fit l'inventaire de ce qu'il avait sur lui: une dague, que son ancien maitre lui avait donnée, ses anciens vêtements d'esclaves, son collier avec l'amulette pleine d'énergie, son journal et... Lui. Parfait, il ne manquait rien. Il passa le portail, poussant les deux lourdes portes qui le composaient. Enfin arrivé. Sa nouvelle place, son nouveau logement... C'était ici. Jusqu'à ce qu'il se maîtrise suffisamment pour gagner sa liberté. Il avait hâte.
C'est donc un sourire en coin qu'il entra dans l'établissement, dans un Hall. D'après ce qu'il avait compris, il n'avait pas trop besoin de chercher à s'inscrire: Cela s'était fait lorsqu'il avait passé le portail. Il restait qu'il n'avait toujours aucune idée d'où se diriger, puisqu'il ne connaissait absolument pas l'endroit. Il avança, détestait être aussi près d'une porte. Cela avait quelque chose d'inconfortable, comme s'il allait être sur le passage de ceux qui voudraient la passer... Il s'arrêta au milieu de la pièce, se demandant s'il devrait se diriger vers une des portes ou vers les escaliers... Les portes étaient indiquées;l'une étant le bureau du directeur et l'autre le bureau des surveillants... Selon les rumeurs, ils n'étaient pas commodes du tout. L'escalier? À quoi pouvait-il bien mener? Bon, assez d'hésitation! Dans la vie comme dans la mort, il faut foncer, ne jamais s'arrêter parce qu'aucune solution ne semblait bonne. Il devait simplement essayer quelque chose. Il se mit à avancer vers la porte des surveillants- c'était probablement l'endroit où il risquait le plus de rencontrer de l'aide, puisque personne ne semblait être dans ce hall.

Shirohime avait passé une très bonne journée. En effet, le ciel était gris menaçant, elle avait passé la matinée à bichonner Félicy et commençait à s’attacher à elle. Il est vrai qu’au début, elle était assez réticente à l’idée de se faire domestiquer. Mais après avoir reçu de nombreuses raclées de la part de l’infirmière, elle a fini par se laisser faire. Elles ont même fini par jouer ensemble à qui attrapera le plus d’humains. Bien sûr, Shirohime avait gagné, mais elle était très fière de Félicy pour son investissement. Comme elle était de bonne humeur, elle les avait relâchés presque indemne. Elle leur avait peut-être pris quelques membres sans faire exprès, c’était son petit côté kleptomane… ou sadique.
Bref, après avoir préparé on bon repas chaud pour Fuyu et Félicy (Fuyu avait droit à des patates douces et un bon magret de canard et Félicy, un ragout de vampire), la poupée décida d’aller se promener avec la lapine. Elle attrapa donc la grosse chaîne de 500 kg et la passa autour du cou de l’albinos. Félicy résista pendant une bonne demi-heure, mais finit par déclarer forfait et pris du plaisir dans la balade.
Shirohime était aux anges, elle sautillait le long de chemin pour quitter le manoir. Tout en sifflotant, elle admirait le paysage où régnait une ambiance de mort. Elle passa devant l’hôpital, et y respira la bonne odeur de sang et de créatures agonisant, attendant la mort avec impatience. Elle vérifia le courrier dans la boite aux lettres quand elle vit une enveloppe rouge provenant de la CPE. Elle l’ouvrit avec anxiété. Ce qu’elle y trouva ruina sa bonne humeur. En effet, elle était convoquée car une rumeur courrait qu’elle avait torturé trop d’élèves. L’infirmière n’en croyait pas ses yeux. Elle avait seulement torturé une petite centaine d’élèves donc cinquante-six sont encore en vie. « Je suis sure que c’est par jalousie qu’ils m’ont envoyé cette lettre ». Pour elle, il n’y avait aucune autre raison qui les aurait poussés à envoyer un courrier aussi scandaleux.
Elle se redressa donc de tout son long, et les yeux rouges, signes d’une colère noire, se mit en route vers l’académie. Félicy la suivit de ses courtes pattes avec un air anxieux. Elle ne la connaissait pas beaucoup encore, mais elle savait qu’elle était dangereuse. Toute en se dirigeant vers le QG des CPE, elle réfléchit au meilleur moyen de se venger. Devait elle utiliser la manière diplomatique, c’est-à-dire leur arracher les ongles jusqu’à ce qu’ils s’excusent de l’avoir accusé d’être trop sadique, on devait elle utiliser la manière forte en demandant à Félicy de prendre son apparence de lapin garou pour les dévorer. Après une longue et interminable réflexion, elle opta pour la manière intermédiaire. Pourquoi ne pas utiliser le nouveau jouet qu’elle avait acheté hier ? Elle en tirerait davantage de plaisir en utilisant la fameuse chaise électrique.

Elle arriva devant les portes de l’académie. Elle hésita quelques instants. Les animaux devaient être interdits, mais Shiro ne voulait pas se séparer de la petite lapine. Elle y entra donc et se dirigea vers le bureau, trainant une énorme chaine avec, au bout, un petit lapin blanc. Elle s’apprêtait à y rentrer, quand elle remarqua qu’elle n’était pas toute seule. Pourtant, il était rare d’y croiser qui que ce soit. Les élèves étaient en cours, les professeurs aussi, les seules personnes que l’on pourrait y croiser seraient les esclaves avec une serpillère à la main. D’ailleurs, Fuyu devrait y être. Elle devrait peut-être passer la voir pour vérifier que tout allait bien. Chaque jour, elle était inquiète. Elle sait très bien qu’elle ne peut pas la laisser toute seule sans qu’il lui arrive une catastrophe.
Elle se ressaisit et se dirigea vers l’inconnu quand Félicy lui bondit sur l’inconnu. Le bruit de la chaîne raisonna dans tout le hall. Elle regarda la lapine avec étonnement, puis, avec autorité, lui somma de s’arrêter. Enfin, elle regarda autour d’elle pour vérifier qu’il n’y avait pas de membres de la CPE, prêt à lui arracher la tête pour avoir brisé le règlement.